C’est un roman dont Yes, une jeune chienne, est le personnage principal. Un soir, celle-ci, traînant une sale histoire avec sa chaîne brisée, surgit à la porte d’un vieux couple, Sophie une romancière et Grieg son compagnon. À partir de là, le destin de Yes va tenir à lui seul la narration. D’où vient-elle, qu’a-t-elle vécu ? Est-on à sa poursuite ? La chienne se révèlera la gardienne de ce qui caractérise l’humain. La gardienne du langage. Mais une gardienne menacée.
On pourrait aussi voir dans ce roman l’histoire d’un duo
féminin/animal. Il raconte en effet la grande affection qui lie
Sophie, la narratrice, et Yes, la jeune chienne échappée de chez
un zoophile. Chacune s’augmentant de l’autre. Chacune veillant
aussi sur l’autre. Jusqu’au drame.
Mais c’est également un roman d’amour entre deux êtres humains,
interrogeant quelle sorte d’amour lie encore un vieux couple,
Sophie qui aime les marches dans la forêt, et Grieg, déjà sorti du
monde, dormant le jour et lisant la nuit, survivant grâce à la
littérature. L’intrusion de Yes sera le révélateur de l’amour qui
lie ce couple en passe de l’avoir oublié.
Cependant, on peut aussi penser que le thème du roman, c’est la
vieillesse. Celle du monde, celle d’un couple, celle d’une femme.
Oui. Mais surtout le contraire de la vieillesse. Dans ce roman, on
n’accepte pas encore la défaite. Grâce à l’irruption de Yes, il
est une ode à la vie.
On peut également penser qu’on se trouve dans un roman
écoféministe dont l’enjeu est ce qui lie la nature menacée et le
féminin révolté.
Quoi qu’il en soit, on baigne dans des temps troublés. Bizarres.
Inquiétants. Où va-t-on ? L’humanité, que deviendra-t-elle ? Que
deviendront les bibliothèques, les librairies, les livres ? Mais
comme il s’agit d’un livre qui prône l’extravagance, où les poètes
de ces temps de détresse se sont réfugiés dans les champignons,
merveilles d’un futur imprévisible, ce roman baigne dans un climat
d’amour de la poésie. Son véritable enjeu climatique, c’est la
poésie.