Pendant vingt ans, Juan Llosa a fait danser la planète. Toujours
entre deux avions, deux soirées, deux gueules de bois, le vibrionnant DJ
des Sirènes d’Es Vedra a vécu « deux décennies d’exil et d’excès ». Capable de devancer les désirs du public, de « l’amener à un endroit où il n’aurait jamais pensé aller », il est considéré comme « un esthète du mix, un virtuose des platines ».
Est-ce parce que la pandémie a rendu rares les occasions de faire la
fête et quelque peu anachroniques les évocations de grandes communions
musicales ? Les mots et les rythmes du premier roman très abouti de Tom
Charbit résonnent chez le lecteur avec une intensité remarquable. Mais
gageons plutôt que la mélancolie puissante qui se dégage de ce texte
tient surtout à la lucidité, à la fois tendre et impitoyable, toute
d’autodérision, avec laquelle le héros du roman examine sa vie de « fêtard invétéré » et tente de s’inventer un avenir.
Lorsque le lecteur fait sa connaissance, le narrateur a trouvé
refuge, en plein hiver, dans un village ardéchois. Contraint de
s’éloigner des dancefloors pour soigner ses acouphènes, il goûte difficilement la sobriété des lieux. Il lui faut bien admettre que sa « solide expérience de la fête est une compétence assez peu recherchée » hors du monde de la nuit. Et que sa capacité à expliquer « dans n’importe quelle langue et à n’importe quel point du globe [qu’il a] besoin d’une bière fraîche et d’un gramme de cocaïne »
ne suffira pas à lui ouvrir les portes de la sociabilité villageoise.
Le roman de Tom Charbit n’est pourtant ni un récit branché sous
psychotropes, célébrant d’un air faussement désabusé les nuits sans fin
d’Ibiza ou de Berlin, ni une satire du roman néorural. Plutôt
l’évocation d’une crise de milieu de vie, qui prend au sérieux la
question du sens de la fête et la laisse entrer en écho avec les
blessures de l’époque.
Le romancier s’empare d’une thématique prétendument futile et en explore avec finesse les profondeurs. Comme Ulysse se laissant séduire par le chant des sirènes, dont il connaît pourtant les dangers mortifères, son narrateur tente de trouver un moyen terme entre l’énergie créatrice à l’œuvre dans la fête et les risques attachés à ses excès. Ce qui aurait pu n’être que le récit d’un malaise existentiel devient, sous la plume aiguisée de Tom Charbit, un roman aussi ample que bouleversant, où l’amour et la mort jouent chacun leur partition sans que l’on sache quelle pulsion mène véritablement la danse(…).
Une petite ville du Donbass en Ukraine qui s’appelait Novhorodske sous la période communiste…
Finalement le choix de nommer cette ville New York a été adopté en prévision d’une attaque de missiles: ainsi l’adversaire réfléchirait à deux fois avant de larguer sa cargaison…
New York, Ukraine : guide d’une ville inattendue (préface Serhiy Jadan) de Niels Ackermann et Sébastien Gobert
La famille de l’auteur Philippe Sands, juriste international, est étrangement lièe à Otto Van Wätcher, gouverneur en Pologne puis en Ukraine pendant la seconde guerre.
Une enquête minutieuse révèle les atrocités nazies, puis comment ce personnage s’est volatilisé en se cachant en Europe puis en Amérique du Sud. Ce livre se lit comme un thriller d’espionnage avec des intrigues à rebondissements…
La Filière de Philippe Sands, traduit de l’anglais par Astrid von Busekist, Ldp Documents.
Un navire américain secourt un chalutier en détresse en mer de chine… Les personnages: diplomates et militaires nous font découvrir les rouages de l’escalade d’une guerre mondiale.
Les auteurs: L’amiral Stavridis, ancien commandant de la flotte américaine et l’écrivain Elliot Ackerman, ex-Marine multi-décoré écrivent une histoire troublante et effrayante de réalisme. Montée en puissance garantie avec un rythme soutenu à couper le souffle…
2034 d’Elliot Ackerman, traduit de l‘américain par Janique Jouin-de Laurens, chez Gallmeister.
Roberto Saviano est un écrivain dont la tête est mise à prix par la mafia napolitaine, suite à la sortie de son livre « Comorra » qui relate le fonctionnement de cette organisation.
Dessiné par Asaf Hannka, auteur de « Valse avec Bachir », dans un dessin hyper-réaliste on ressent les rêves, les doutes et les espoirs de Roberto, sans complaisances et sans regrets. Une vie en cage que partagent d’autres auteurs comme Salman Rushdi, Orhan Pamuk…C’est un cri de vérité et de liberté…
« Je suis toujours vivant » de Roberto Saviano et Asaf Hanuka (Illustrations)
« Je suis toujours vivant » de Roberto Saviano et Asaf Hanuka (Illustrations) chez Gallimard Bd
Écrit il y a quatre ans Andreï Kourkov met en scène le quotidien de deux amis/ennemis d’enfance,
dans un village du Donbass déserté en raison d’une menace de séparatistes pro-russes. On traverse un hiver et un printemps avec le personnage principal qui effectue sa transhumance apicole jusqu’en Crimée …Une belle analyse des cultures russes et ukrainiennes, c’est la guerre! très réaliste…
Les abeilles grises d’Andreï Kourkov Traduit du Russe par PAUL LEQUESNE chez Liana Levi